Chapitre 10 : Gabriella

 

Notre vie aurait pu être un conte de fée. Comme on peut en voir dans les séries télévisées à l’eau de rose. Nous avions tout pour fonder cette famille parfaite que l’on retrouve en photo à la une de certains magazines féminins. Nous aurions pu vieillir mains dans la main, assister aux remise de diplômes de nos enfants, les voir se marier, devenir grands-parents, profiter d’une retraite bien méritée et mener la dolce vita dans le sud en lézardant toute l’année sur un tranzat au bord de l’eau.

Tout aurait pu être différent.

Tout avait si bien commencé… Gabriella et moi nous étions rencontrés par l’intermédiaire d’un ami en commun. Ce dernier organisa une soirée pour ses vingt-cinq ans à laquelle nous fumes tous les deux conviés. J’eu un coup de foudre. Pas elle. Et en plus, elle était en couple. Pas franchement fan des défis, je m’accrocha tout de même à l’idée que cette rencontre ne pouvait être anodine. J’avais au fond de moi l’intime conviction que cette femme jouerait un rôle important, voire capital dans ma vie. Et ce fut le cas.

On espère tous rencontrer l’amour, le vrai. On vit des histoires plus ou moins intense, on pense être amoureux alors que non. On se persuade d’être amoureux car « cela fait bien ». Alors on s’enferme dans des relations aussi plates que le Désert de Danakil ou aussi indigeste qu’une cervelle de veau pochée. Et pourtant, on y croit, on s’attache on s’enfonce, on s’enlise dans ses relations merdiques. Pour ma part, la peur de finir seul me poussa à m’investir dans des relations où l’ennuie et l’absence de passion furent les maitres mots.

Juste pour le plaisir de rentrer dans cette sacre sainte catégorie «en couple» affublée de clichés judéo chrétiens prônant un mariage, de beaux enfants et une maison… Surtout pas un appart’ ! NON ! Une maison, LA maison. Le cliché ultime de la famille made in ELLE MAGASINE.

Et comme tout bon mouton qui se respecte, je l’ai souhaité, rêvé, fantasmé ce putain de bonheur à jeter en pâture aux célibataires mal dans leur peau.

Et je l’eus.

Je le su à l’instant où Gabriella et moi échangeâmes notre premier baiser. Je su que c’était Elle à cet instant précis. Cela fait très cliché mais je sus quelle serait mon épouse, la mère de mes enfants, que nous aurions cette putain de maison et que tels deux oiseaux inséparables nous ne nous quitterions plus jamais.

Cet amour, cette passion dévorante, cette douce folie furent notre quotidien.

On nous enviait, on nous jalousait. Et je ne pouvais pas leur en vouloir car au fond je me serais moi aussi détesté si j’avais été à leur place.

On souhaite tous trouver l’amour, celui avec un grand A. Et quand on le trouve, la vie prend un tout autre sens, elle a un goût et une saveur différente. Le fait de tout partager à deux, d’aller dans la même direction afin de construire le plus beau des foyers offre alors un sentiment de bien-être intense. Une plénitude inégalable. La sensation d’être défoncé H24… Voilà ce qu’est l’Amour finalement: la meilleure des drogues dures.

Huit.

Huit ans de bonheur…

Une vie n’est finalement qu’une multitude de différents cycles qui s’imbriquent les uns aux autres. Certains sont heureux, joyeux et d’autres non. D’autres sont d’un ennuie sans non. La plupart nous font grandir tandis que d’autres nous anéantissent. Ma rencontre avec Gabriella marqua le début d’un cycle fait de bonheur. Un bonheur pur, tel un diamant brut.

Huit ans de bonheur qui s’achevèrent dans noirceur la plus totale. Une noirceur telle que Gabriella ne fut même pas présente à mes funérailles.

J’ai cru la voir.

Je l’ai imaginé en veuve éplorée.

Je l’ai rêvé prononcer un discours en ma mémoire.

Je l’ai fantasmé…

… tout comme je fantasmais ma vie depuis quelques années.

M.D.P prochain chapitre : Ma mère


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