Anthony Lemeur

Natif de Lyon, j’ai cédé aux sirènes de la côte d’azur et de Nice avec son soleil, ses plages et…. ses galets depuis un peu plus de 6 ans. Après m’être (trop) cherché et multiplié les études infructueuses, c’est à mon compte en tant que co-gérant d’un coffee shop avec ma femme que j’ai trouvé ma voie. Créatif dans l’âme, j’exulte depuis peu ce besoin d’expression dans l’écriture…

On veut en savoir plus…

« M.D.P »


Chapitre 1 : Jeudi 2 octobre 2013

 

      Le boulanger s’est levé aux aurores ce matin pour préparer une multitude de baguettes qui seront vendues dans la journée. L’éboueur a une fois de plus fait preuve d’une incroyable indélicatesse lorsqu’il a vidé les poubelles dans la benne. Les quelque deux cents mille femmes au foyer ont maudit leur réveil qui a sonné le début d’une nouvelle journée réglée comme du papier à musique… au passage elles ont aussi fusillé du regard leur mari resté couché, la bouche grande ouverte avec un léger filet de bave, attendant que le petit déjeuner leur soit servi. Les abribus ont commencé à accueillir une horde de collégiens, lycéens et autres étudiants mals lunés. Le périphérique s’est peu à peu rempli jusqu’à devenir saturé et le soleil s’est levé.

Le soleil s’est levé, comme toujours.

Un magnifique levé de soleil, donnant vie à des scènes qui en générale nous passent au-dessus. Les hêtres ont revêtu leurs habits rouille vif, le soleil s’est reflété sur les vitres des immeubles et les oiseaux blottis dans les châtaigniers jaune paille ont entamé leur chant du matin.

Trop pressé ? Trop obnubilé par les petits tracas quotidiens ? Ou simplement inapte à apprécier les belles choses simples de la vie ? Je ne sais pas mais quoi qu’il en soit, jamais je ne me serais autant attardé sur les détails d’une de ces scènes matinales à travers la fenêtre de ma cuisine. Jamais…

Mais quand aurais-je bien pu le faire ? Lorsque je partais à l’aube, le regard figé sur le bitume, effectuer le sacre sain footing du matin destiné à repousser un peu plus l’apparition du bidon que redoute tous les hommes ayant passé la trentaine… Car oui mesdames l’homme d’aujourd’hui, l’homme moderne scrute ses premiers cheveux blancs, monte discrètement sur la balance vérifier si son IMC est toujours situé dans la tranche « corpulence normale » et lorgne discrètement les blogs destinés à la mode masculine afin de vérifier si porter la barbe est toujours tendance…

Quand aurais-je pu profiter de ces tableaux, dignes d’un Monet, que nous offre la vie ? La semaine, les jours s’enchaînent vitesse grand V … Le week-end lorsque je ne travaille pas ? Erreur : lorsque l’on est père le terme « week-end » est à prohiber.

En fait si je suis honnête, je pense n’en avoir rien eu à foutre finalement. Il est si facile aujourd’hui de tergiverser sur les oisillons dans les châtaigniers, de citer Monet et de descendre en flèche l’homme du 21ème siècle dont je suis le parfait représentant.

Pourquoi ne pas m’être réveillé avant ? Pourquoi ne pas avoir profité de la vie telle qu’elle m’était offerte au lieu de vouloir sans cesse ce que je ne pouvais avoir ? Ce ne sont pourtant pas les occasions qui ont manqué…

10 964

Ce sont 10 964 putains de levés de soleil dont je suis passé à côté.

Bref, nous sommes jeudi 2 octobre, il est 7h25, je suis allongé sur le carrelage froid de ma cuisine et je viens de mourir.

M.D.P

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