Emmanuelle Sola


Emmanuelle Sola

« Entrevue avec Emmanuelle Sola alias LaNulle »

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Hello Wooly : Qui es-tu Emmanuelle Sola ?

Emmanuelle : Je suis une toulonnaise de 28 piges qui ne parvient pas à quitter son lieu de ne naissance tout en projetant perpétuellement de s’en évader.

H.W : Il me semble que ton parcours est un petit peu atypique, peux-tu nous le raconter ?

E. : Je ne sais pas s’il est atypique mais il est fait pour l’instant de bons gros revirements de situation. À la base je voulais être prof de français, comme mémé Suzanne, donc j’ai fait une fac de Lettres (Licence de Lettres Modernes,  Master Imaginaires et Genèses Littéraires, je pense d’ailleurs que c’est l’intitulé qui m’a séduite !). Je voyais les autres autour de moi se faire recaler au CAPES et je n’ai jamais eu le courage de le tenter. Une fois les diplômes en poche je ne savais pas quoi en faire. J’ai été caissière, femme de ménage, prof à domicile, serveuse, pionne… Pendant les deux années qui ont suivi je me suis remise au dessin que je pratiquais depuis gosse mais juste comme ça, et un beau jour de mai, alors que je grattais le béton lors du Street Painting sur la place d’Armes à Toulon (rassemblement où l’on dessine sur le sol à la craie) j’ai rencontré les deux nanas qui m’ont fait basculer : Anaïs et Audrey. Elles noircissaient déjà des carnets à dessin en bonnes athlètes des feutres et de l’encre de chine. On s’est mise à graffer toutes les trois quasiment en même temps avec les gars qui voulaient bien nous apprendre. Nos univers communiquaient bien et avec elles, j’ai fait du dessin une addiction. J’ai donc voulu reprendre des études en rapport avec l’illustration et j’ai fait une Mise à Niveau en Arts Appliqués et un début de BTS Design Graphique que j’ai stoppé. J’avais déjà 27 piges donc pas évident de se contenter d’un job à mi-temps, d’autant que le graphisme pur m’a vite lassée. Ce que je voulais faire au quotidien c’était de l’illustration mais surtout tatouer. Un métier que je croyais depuis toujours inaccessible jusqu’à ce que ma meilleure amie Marie-Line me mette un grand coup de pied au « Luc » pour que je me lance. Je me suis donc mise à chercher un maitre d’apprentissage. Je me suis pris un bon nombre de rebonds avant de me retrouver, six mois plus tard (ce qui est assez court finalement !), chez Arte Corpus.

H.W : Tu as plusieurs cordes à ton arc et donc plusieurs pseudonymes ! SOLA pour le graphisme on en déduit que c’est lié à ton nom. Mais tu es aussi : M2M pour le graff / LANULLE pour l’illustration / BLACKMEAT pour le tattoo. Des pseudos pour le moins atypiques, éclaire-nous sur leurs significations ?

E. : Oui pour l’instant je m’amuse un peu avec les pseudos mais je pense qu’à terme le bon vieux nom de famille servira pour tout !

M2M pour le graff, ça veut dire « Monde de Merde », les dernières paroles de l’homme le plus classe monde (cf. la Classe Américaine…of course).

LaNulle, c’est en écrivant mon prénom un peu trop vite une fois j’ai oublié un « e », ça a donné Emmanulle, puis la Nulle. Et même si mes dessins peuvent dégager une certaine angoisse, je ne suis pas du tout dépressive ! Vaut mieux que ça soit dehors que dedans…

Black Meat c’est un nom que je n’exploite pas vraiment encore, la Viande Noire ça vient du roman américain le « Festin nu » de William Burroughs sur lequel j’ai rédigé mon mémoire de Master. Dans ce roman le héros devient toxico et se drogue notamment avec de la viande noire, du mille-pattes géant du brésil séché. Ah ah !

H.W : Tu fais partie du collectif « T2D crü », comment est né le projet et dans quel but ?  T2D crü signifie « truc de dinde » (ce jeu de mots m’a beaucoup fait rire !), d’où vient l’idée ?

E. : Le T2D Crü c’est le fruit de notre rencontre avec Anaïs et Audrey. On s’est mise à graffer et dessiner ensemble et depuis, même si nous ne sommes plus dans la même ville on ne se lâche plus ! Nos univers communiquent parfaitement, on se marre, on se motive, on s’aime !
On a trouvé ce nom-là un jour en faisant une peinture dans un hôpital psychiatrique désaffecté, dans une salle cinéma bien rétro, pour nous cet endroit c’était un vrai « truc de dindes », un petit paradis pour y accueillir nos coups de spray et de gueules.

H.W : En général de quoi t’inspires-tu ?
Quel est ton point de départ quand tu dessines un tatoo, une illustration ou un graff  ? De l’idée à la réalisation, comment procèdes-tu pour une création ?

E. : Je m’inspire de tout, d’une blague, d’une situation vécue souvent, d’un jeu de mots, de paroles de chansons (Hubert Félix Thiéfaine souvent, et beaucoup d’autres), de l’univers de William Burroughs et autres lectures… La plupart du temps, j’ai directement l’idée en tête et je la jette le plus rapidement possible. Je fais des petits dessins, jamais de projets très longs, même si je commence à changer.

En ce qui concerne le tattoo, sauf si on me demande un de mes dessins, je tente de comprendre ce que veut l’autre et je m’adapte, ce qui me permet d’explorer d’autres façons de dessiner.

H.W :  Comment définirais-tu ton style ?

E. :  Je fais du dessin d’humeur noire mais gentille ! J’ai un style qui peut s’apparenter à la bande dessinée.

H.W : La semaine tu tatoues dans le salon Arte Corpus… quelle est la demande la plus bizarre que l’on t’ait fait ?

E. : Une horloge avec des bras qui tiennent un chapeau et un parapluie, les jambes du génie d’Aladin, des yeux de dragons avec un regard méchant, entourée de nuages et qui dit « what the time is ». Hussss! Challenge accepted…

H.W : Ce que tu aimes / ce que tu détestes ?

E. : J’aime fabriquer, rencontrer, manger, dormir… Et je déteste manquer de temps.

H.W : Tes projets futurs ?

E. : Continuer à apprendre le tatouage à fond. Ouvrir un shop avec une de mes dindes. Préparer une série d’illustrations sur les chansons du grand Hubert Félix-Thiéfaine. Grandir.
Et pour ce qui est des événements, on va faire une peinture avec les amis lors du Massilia Tattoo Fest les 30 et 31 Mai 2015 aux Docks des Suds, et nous attendons une publication avec le T2D Crü dans un magazine de street art « I said a Hip » sur Paris.

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